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le blog du Croco

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10 février 2005

Ma fille m’a demandé tout à l’heure, en

Ma fille m’a demandé tout à l’heure, en s’excusant car elle ne savait pas comment formuler sa question si ça ne m’embêtait pas de vieillir et de voir approcher la mort.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />

J’ai répondu non, sans me vexer et sans hurler, car je comprends parfaitement que pour elle 50 ans puisse paraître un âge canonique.

 

Non ça ne m’embête pas d’avoir 50 ans, ou presque, on ne va pas chipoter pour un an,. Ca ne m’ennuie pas parce que je ne me sens pas – plus – dans la peau d’une vieille peau, justement.

Dans ma tête, dans mon cœur, je me sens toujours avoir 30 ans, grâce à vous.

 

Grâce à toi, ma presque jumelle que j’aime tant parce que tu me rappelles tellement celle que j’étais quand j’avais ton âge. Parce que j’avais – et j’ai toujours – les mêms sautes d’humeur, cette horreur des contraintes, cette tendance à m’emporter si vite, parce que tu débordes quand même de joie de vivre et que tu aimes quand même et malgré tout la vie. Parce que j’aime et admire ta vive intelligence, ton sens de l’humour acéré, parce que j’adore te voir rouler ton joint avec application en m’écoutant ou en te vidant le cœur. Parce que j’aime te voir vivre, évoluer, parce que j’envie cette faculté –rare – que tu as,  de pouvoir communiquer avec tout le monde. Parce que j’aime la vivacité de tes reparties et que tu me fais l’effet d’un bain de jouvence. Même quand tu as le cafard, même quand tu viens pleurer à la maison, ma chérie ma vie serait bien vide sans toi. Je m’estime privilégiée de pouvoir compter parmi les gens chez qui tu débarques n’importe quand, pour un gros chagrin, ou pour rien, juste pour picorer des chips, te poser deux minutes et repartir. Je déteste par contre que tu portes si bien les chapeaux qui me vont si mal à moi, putain. La vie est injuste !!!!!!!!!!

 

Grâce à ma fille, que je vois grandir et que je trouve plus belle de jour en jour – orgueil de mère sans doute – belle dans son naturel, sa spontanéité, ses emportements, sa simplicité et sa grande naïveté. Elle se croit grande, adulte, se trouve trop grosse, envie les autres filles qui n’ont pas son petit ventre rond que je trouve si attendrissant – reste des rondeurs de l’enfance, envie celles qui ont de grands cheveux lisses – en oubliant qu’elle a eu les mêms jusqu’à il n’y a pas si longtemps, envie les tresses des femmes noires, en ne réalisant pas encore que ces femmes aux cuisses rondes et au cul rebondi se trouveront empâtées de cellulite dès qu’elles auront eu un enfant. Elle oublie par contre ses longues jambes fuselées, son petit cul rond et haut, sa carrure de nageuse – sans nager, son port de tête qui lui donne une allure si fière quand elle marche, avec ses deux mèches au vent. Elle oublie la grâce qu’elle a grâce, justement, à son manque de sophistication. Elle oublie qu’elle a un trésor rare et inestimable : ses amis qui l’adorent et qui sont toujours prêts à répondre à son coup de sifflet.

 

Grâce à mon fils, malgré tout, ou peut-être grâce à tout ce qu’il m’a fait endurer dès sa petite enfance, mais que je trouve de plus en plus beau, et qui ressemble tellement et de plus en plus aux trois hommes que j’aime et que j’ai aimés au delà de tout : mon père, mon grand-père, mon frère ; il a des expressions, des mimiques, la gestuelle des trois. Le visage de mon frère, les yeux de mon grand-père, la silhouette et la façon de marcher de mon père. J’en pleurerais des fois de les retrouver tous les trois dans un seul être. Et que je suis malheureuse de voir em^petré dans ce bourbier où il s’est fichu sciemment et par bêtise pure, et dont je ne peux et ne VEUX pas le tirer.

 

Qui a dit un seul être vous manque et tout est dépeuplé ?? je ne sais plus. Mais ça n’est pas totalement vrai. Parce que si un être disparaît dans ta vie , tu en ressens au début le manque lancinant, à en croire, c’est vrai que le monde autour de toi va disparaître, mais petit à petit cette douleur d’efface pour ne plus laisser insensibleme,nt que les souvenirs des meilleurs moments, de ceux que tu n’oublieras pas dans une vie entière. Reste le regret, poignant et éternel de ne plus pouvoir partager certains petits bonheurs, petits ou grands : la naissance d’un enfant, un voyage, un moment privilégié dans ta vie, la découverte d’un livre ou d’une musique qui te touche particulièrement . mais tu rencontreras d’autres gens avec qui tu pourras partager ces mêmes moments. Et, la vie passant, tu réalises que  tu peux partager d’autres émotions avec d’autres et que restera toujours un sentiment de bonheur. La recette de l’amour de la vie, c’est je crois, de ne jamais faire à contrecoeur ce qui devrait être une fête, un moment de bonheur.

 

Grâce à bien sûr, le cube. Sans commentaires à son sujet. Il existe, c’est tout. Même si parfois je m’interroge à son sujet : que peut-il bien me trouver ?? j’ai mauvais caractère, je suis invivable, intolérante, je ne passe à personne aucun des défauts que j’ai pourtant moi-même. Enfin, restons aveugle et profitons-en…

 

 Non je n’ai pas peur de vieillir, grâce à vous.

 

J’ai surtout peur, pas de la vieillesse, pas de la mort, encore que ça m’emmerderait profondément de mourir maintenant, parce que marie n’est pas suffisamment autonome pour se passer de sa vieille mère

Ce qui me fait peur, c’est de penser que je pourrais vieillir et me retrouver dépendante des autres, sénile, handicapée, grabataire.

Ce qui me fait peur, c’est une possible maladie qui m’imposerait de survivre reliée à des tuyaux, à la merci du bon vouloir de mes proches ou d’une infirmière, ce qui me fait peur c’est de ne plus pouvoir être libre de mes mouvements.

 

J’ai des regrets. Plein. Le regret d’être passée à côté de plein de choses. D’avoir dormi pendant 10 ans. De m’être laissée manipuler, d’avoir perdu de vue beaucoup de gens que j’aimais.

Le regret de n’avoir pas réussi ma vie comme je l’aurais aimé.

J’aurais aimé être sereine, sans amertume, j’aurais aimé vivre loin de tout avec plein de chiens et de chats.

J’aurais aimé avoir été capable de gérer les sous que mes parents m’ont laissé et j’ai dilapidé connemen.

 J’aurais aimé pouvoir, maintenant, si j’avais placé ces thunes, m’arrêter de travailler, et vivre sans trop de dettes, au lieu de ramer pour rembourser des crédits qui me bouffent quand même la vie et une bonne partie de mon salaire, la moto, la voiture, l’ordi, les dettes de l’ex mari etc…, bordel de merde.

J’aurais aimé pouvoir continuer à faire du sport, rester à la montagne, j’en avais pris l’habitude et les longues marches en forêt et dans la montagne me laissent encore aujourd’hui un souvenir émerveillé.

J’aurais aimé pouvoir conserver cette franchise que ma mère qualifiait de génie de la gaffe, pouvoir continuer à dire ce qui me passait par la tête en me foutant éperdument des conséquences.

J’aurais aimé garder la force de me battre, alors que maintenant je suis épuisée et que seule la présence du cube me donne de l’énergie, parce que je ne veux pas me montrer faible. Et que je crois qu’il peut être parfois plus faible que moi, matamore, bien sûr, mais fleur bleue au fond. Béquilles mutuelles ???

J’aurais aimé, par dessus tout pouvoir continuer à communiquer avec D., et ne pas m’être nourrie pendant toutes ces années du souvenir d’une belle histoire, que j’ai entretenue comme une midinette, pour réaliser, quand il a ressuscité, que, à part la joie de savoir que cet homme de 57 ans n’était pas mort, qu’il ne m’était plus rien. Putain IL A 57 ANS !!!! Et il n’ a pas changé. Pas une ride. Le même sourire de loup, les mêmes membres d’araignée, le même sourcil têtu, pas une ride. Le cheveu plus rare et le même tempérament rebelle. Imagine, un flic retraité militant pour les indépendantistes basques !!! mais enfin, à part donc, le plaisir de le savoir vivant et le bonheur de constater qu’il a toujours gardé malgré les longs mois d’hôpital, la volonté et la ténacité et le refus de s’écouter, donc, à part tout ça, réaliser que je n’avais plus rien de commun avec lui. A cause de quoi ?? peut-être cette longue séparation, la vie qui m’a faite différente, je ne sais pas. Je n’arrive pas à expliquer. Bien sûr, nous nous sommes retrouvés sans aucune difficulté, aucune gêne entre nous, j’ai même reconnu son odeur. Mais plus envie d’être avec lui, alors que cette envie m’a taraudée pendant plus de 10 ans. La page était tournée. Et finalement, je me demande si je n’ai pas sciemment entretenu un rêve pour échapper au quotidien, comme tu lis un livre ou comme tu regardes un film. Moi, je pensais : si D. était encore là, tout serait différent. Sais pas. Page tournée, donc, restent les souvenirs, attendrissants, même les brouilles et les chagrins (ça arrive, quand même dans une histoire qui a duré plus de 12 ans, tu le sais) ont maintenant un petit parfum de douceur.

 

J’aurais aimé être capable d’écrire un livre, un vrai, de celui qui devient un best seller sans même que tu en prennes conscience (si tu peux télécharger ou voir les sœurs fâchées, fais le, tu comprendras ce que je veux dire)

J’aurais aimé pouvoir développer le goût et une certaine facilité que j’avais pour le dessin (merci papy, et merci, merde, à ma  mère), mais que j’ai perdus (j’aime maintenant seulement les couleurs des crayons de couleur, sans être capable d’en faire quelque chose).

 

Je regrette de n’avoir pas voyagé quand j’en avais la possibilité et les moyens.

 

Je regrette encore et parfois de  ne pas pouvoir encore vivre seule. Je regrette de ne pas pouvoir goûter ces grands moments de silence qui m’ont toujours été chers et que j’avais retrouvés avec bonheur dans ma caverne du pont de juillet.

 

JE REGRETTE BORDEL DE VIVRE DANS CE PUTAIN DE PAYS POLICIER TRACASSIER ET OU IL FAIT FROID L HIVER. J AI ENVIE DE CHALEUR ET PAS SEULEMENT HUMAINE !!!!!!

 

Voilà, c’est tout pour ce soir, la suite peut-être demain. Et quand j’aurais écrit assez de ces lettres enragées, le les relierai, et je les enverrai à un éditeur qui les publiera, et j’aurai plein de fric, assez pour qu’on parte , toute la smala, toi comprise, et ta crapouille, au soleil, là où il n’y a que des plages, la mer, des cocotiers, ET PLUS DE SOUCIS.
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